MON BISTROT et les S.D.F.

Le circuit du bus 50 dans la zone commerciale de La Valentine est peut-être à l’origine de la déliquescence des commerces de La Barrasse et de La Millière dans le 11ème arrondissement.

Nonobstant, la vie de mon bistrot se poursuit chaleureusement et le concours  de billevesées atteint des sommets. Mais, ne serait-ce point le thermomètre des préoccupations de nos concitoyens : vie chère, insécurité… L’écologie n’est pas vraiment le sujet. Le patron a été braqué dix fois en vingt ans par des bras cassés de passage ou du secteur. 

Dans un angle perdu, toute la journée, il se tient cachexique et punctiforme, la casquette tanquée.  Biloute, l’appelle-t-on…au pays de Pagnol. Il espère une petite gâche, un coup  de balai à passer. Contre un petit coup de rouge. Les habitués, routiers, ouvriers se limitent au friselis d’un pastis car la maréchaussée veille. De même, à 5 heures et demi du matin,  lorsque l’estaminet ouvre, plus personne n’accompagne le petit noir de la goutte qui tue le ver.

Ils jouent un peu, mais ce sont les plus pauvres, petits retraités, smicards, rmistes qui s’adonnent prioritairement à l’Amigo, sorte de loto en continu mais aussi aux grattages divers et au tiercé.

Le point presse offre quelques journaux et revues du style Détective ou Tiercé Magasine. Pas le Monde ou Libération. Mais la Provence domine en tête de  gondole. Le vapotage gagne du terrain et atteint quinze pour cent des ventes de tabac.

Depuis quelques jours, un nouveau sujet résonne dans le café du commerce : la coupe du monde de football. La terre est devenue un ballon rond et plus rien ne peut en distraire les parieurs et buveurs, même pas les deux SDF qui se les gèlent à dix pas de l’entrée.

Mais si ! En voici qui ressortent avec un café chaud, distribuent aux plus malheureux qu’eux et commentent l’actualité sportive. Vive la France !

Tout ne va pas si mal dans mon bistrot, royaume des kakous. Vous voulez savoir où il est ?

Mais, au coin de votre rue!

R.VIGER